Les « Freakouts » du Lundi
Comment les comprendre et les transformer en opportunité managériale
Le lundi matin a souvent mauvaise réputation. Entre les mails non lus, les urgences inattendues et les réunions matinales, il est fréquent que la tension monte dès les premières heures de la semaine. Et parfois, cela prend la forme d’un « freakout »: un coup de stress soudain, une plainte virulente, une colère mal contenue, une panique difficile à canaliser.
Ces moments peuvent sembler inconfortables, voire déstabilisants. Pourtant, bien gérés les freakouts du lundi, peuvent devenir de vrais leviers de management. Apprendre à les comprendre et à les désamorcer, c’est améliorer la qualité du climat de travail et renforcer la confiance dans l’équipe.
Les freakouts arrivent… et ce n’est pas si grave
Un freakout du lundi est rarement rationnel. C’est une explosion émotionnelle, souvent nourrie par une accumulation de frustrations, de malentendus ou de charge mentale. Le problème est rarement nouveau : il couve parfois depuis des jours. Le lundi n’est qu’un déclencheur.
Exemple : un collaborateur qui « pète un câble » dès 9h, parce que sa tâche critique n’a pas été priorisée vendredi. Ce n’est pas l’action du jour qui dérange, mais le sentiment d’avoir été ignoré, sous-estimé ou abandonné.
Ce qu’il faut retenir : Ce n’est pas un signe de faiblesse, mais souvent de l’engagement. Quelqu’un qui s’exprime – même de manière maladroite – cherche à faire avancer les choses.
Rester calme : la meilleure réponse au chaos du lundi
Face à un freakout, votre posture est déterminante. Si vous répondez à l’émotion par l’émotion, la situation dégénère. En revanche, si vous restez calme, posé·e, à l’écoute, vous devenez un point d’ancrage.
👉 Astuce managériale : Respirez profondément, écoutez sans interrompre, et notez mentalement les éléments clés. Ne cherchez pas à tout régler immédiatement. Vous aurez le temps de revenir à froid avec une solution.
Offrir le bénéfice du doute : écouter pour comprendre l’origine du stress
Derrière le tumulte émotionnel, il y a parfois une souffrance réelle, une difficulté passée sous silence, ou un besoin de reconnaissance. Même si la forme est rude, le fond peut être légitime.
Votre mission ? Identifier le besoin caché :
- Ai-je manqué de clarté ou de soutien ?
- Ce collaborateur a-t-il besoin de validation ?
- Se sent-il isolé, en perte de sens, ou sous pression ?
Un « Tu n’as pas été clair vendredi » dit peut-être « Je me suis senti seul face à un enjeu important ». Soyez curieux, pas défensif.
Poser des questions pour activer la réflexion
Les questions bienveillantes et ouvertes permettent de canaliser l’émotion vers la réflexion. Elles invitent l’autre à prendre du recul, à structurer son discours, à se recentrer sur les faits.
Exemples de questions efficaces :
« Qu’est-ce qui t’inquiète le plus dans cette situation ? »
« Qu’aimerais-tu voir changer concrètement ? »
« Que pourrait-on mettre en place ensemble pour éviter ça à l’avenir ? »
L’objectif est d’ouvrir la porte à un dialogue constructif, sans nier l’émotion.
Aider à la résolution plutôt que résoudre soi-même
Le réflexe du manager-sauveteur est naturel : on veut régler le problème immédiatement. Mais c’est souvent contre-productif. Pourquoi ? Parce que la personne concernée a généralement déjà réfléchi au problème — parfois tout le week-end.
Son émotion est forte, mais son analyse est souvent fine. Votre rôle est de l’aider à organiser sa pensée, à mettre en lumière les pistes qu’elle a déjà envisagées.
🎯 Résultat : elle se sent écoutée, valorisée… et souvent, elle trouve elle-même la meilleure solution.
Derrière chaque freakout, un collaborateur engagé
Un freakout, c’est bruyant, inconfortable, parfois même perturbant. Mais c’est aussi un acte d’engagement. Un signal d’alarme : « Je veux que les choses s’améliorent. Je me sens concerné·e par le projet, par l’équipe, par mon rôle. »
En revanche, un collaborateur qui ne dit rien, ne réagit jamais, accepte tout sans mot dire… c’est plus inquiétant. Cela peut traduire un désengagement profond.
💡 À retenir : mieux vaut une émotion exprimée qu’un silence résigné.
Et si les freakouts du lundi se répètent ?
Des freakouts récurrents doivent vous alerter sur un problème systémique :
- Mauvaise communication interne ?
- Objectifs flous ou irréalistes ?
- Surcharge de travail chronique ?
- Manque de reconnaissance ou de perspective ?
- Déséquilibre entre vie professionnelle et personnelle ?
Si vos collaborateurs arrivent chaque lundi déjà épuisés ou anxieux, c’est peut-être le signe d’une charge mentale excessive, d’un manque de coupure le week-end ou d’une pression trop forte sur leur temps personnel.
Dans ce cas, une discussion collective ou une réorganisation du mode de travail peut s’imposer. Car si plusieurs collaborateurs paniquent le lundi, ce n’est plus un problème individuel, mais organisationnel.
Conclusion : de la crise à la confiance
Les freakouts du lundi sont inévitables… mais ce sont aussi des occasions uniques de renforcer le dialogue, la cohésion et le leadership. Ne les fuyez pas : accueillez-les, décortiquez-les, et transformez-les.
Un bon manager n’est pas celui qui évite les tensions, mais celui qui sait les écouter, les comprendre, et en faire un moteur de progression collective.
Cet article a été rédigé par Tayeb Baccouche, Weemember, ingénieur en génie logiciel avec une spécialisation en business. Grâce à son expertise technique et sa compréhension des enjeux organisationnels, il apporte un regard éclairé sur la gestion des tensions en entreprise et la manière d’en faire un levier d’amélioration continue.